À Montfort, nous avions reçu un dossier d’information néonatale et post-maternelle contenant un dépliant sur le programme « Bébés en santé, enfants en santé ». Nous nous sommes donc inscrits et, toutes les deux semaines, l’infirmière de santé publique est venue chez nous. J’ai beaucoup apprécié le soutien qu’elle m’a offert avec le bébé », explique Cynthia.
Lancée en mars 2022 en tant que projet pilote, la Clinique de bien-être postnatal d'Archipel est une collaboration unique entre Santé publique Ottawa (SPO), deux fournisseurs de soins primaires de l’Équipe santé familiale communautaire de l’est d’Ottawa (ESFCEO) et l’Hôpital Montfort. Soutenu par l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (AIIAO), l’objectif est de fournir un accès rapide à des soins aux patientes qui ont accouché à Montfort et qui présentent des signes et des symptômes de dépression ou d’anxiété post-partum, mais qui n’ont pas de fournisseur de soins de santé primaires.
La maternité est une expérience qui change la vie. Si elle peut apporter des doses quotidiennes de joie pure et d’émerveillement, elle peut aussi être accablante, difficile et très stressante.
« Notre vie sociale et nos activités tournent autour des enfants – nous n’avons pas de gardienne d’enfants, car nous ne sortons pas vraiment », ajoute Cynthia. Après avoir passé quelques mois à la maison avec le bébé et le jeune enfant, Cynthia était stressée et l’infirmière lui a recommandé de consulter quelqu’un à la clinique post-partum.
« Parfois, lorsque les enfants ne s'endormaient pas, je devenais anxieuse et en colère – je ressentais une rage de mère. Et je sentais que j’avais besoin d’aide pour contrôler mes pensées négatives. »
Elle a d’abord pris rendez-vous avec un médecin de famille, qui l’a orientée vers un psychiatre, le tout en l’espace de quelques semaines à Montfort. En fin de compte, l’évaluation du psychiatre a révélé que Cynthia n’avait pas de problèmes de santé mentale graves et qu’elle n’avait pas besoin de médicaments ou d’un traitement supplémentaire.
Dre Nadine Ostiguy est l’une des praticiennes de soins primaires qui s'occupe des clientes de la clinique à Montfort : « Toutes nos patientes avec un score de dépression élevé ont reçu des soins de qualité de Dr Giroux, psychiatre à Montfort. Et aucune d’entre elles n’a eu besoin de médication parce que le processus de validation, les soutiens offerts et la continuité des suivis avec SPO de la Clinique a permis à ces mamans et leurs familles de rebondir. Cette transition de vie qu’est l’expérience de la grossesse et de l’accouchement mérite qu’on s’attarde à la façon nous soutenons nos mamans et leurs familles ».
« Cette clinique et ses services de counseling m’ont aidée à aller de l’avant. Je me suis retrouvée. Ils m’ont offert des ressources et, si j’ai à nouveau besoin d’aide, le même psychiatre peut me recevoir directement. C’est rassurant de savoir que c’est une option sur laquelle je peux compter. Cela m’a tellement aidée que je pense que toutes les mères devraient avoir accès à ce programme », conclut Cynthia.
PHOTO DU HAUT : L’équipe de la Clinique de bien-être postnatal d'Archipel (de gauche à droite): 1) Sharlène Clarke, chargée de projet SMT & OVPE pour Archipel; 2) Ioana Negru, Infirmière praticienne à la Clinique Archipel; 3) Natalie Rozon, Agente de projet en soins infirmiers pour Santé Publique Ottawa (SPO); 4) Dr Nadine Ostiguy, médecin de famille à la Clinique Archipel; 5) Camille Brunet, Conseillère à la pratique professionnelle à l’Hôpital Montfort; 6) Louise Gilbert, Infirmière clinicienne spécialisée pour SPO; et 7) Josée Gauthier, Infirmière clinicienne spécialisée pour SPO.
*Le nom de la patiente a été modifié pour protéger sa vie privée.
Un autre objectif de la clinique est de réduire la stigmatisation de la dépression post-partum. D’après les recherches, moins de 15 % des personnes touchées demandent de l’aide. Nombre d’entre elles déclarent ne pas avoir le temps de suivre une thérapie ou ne pas reconnaître leurs symptômes. Elles craignent également d’être perçues comme de mauvais parents par les prestataires de soins de santé. (Canty et al., 2019 ; Fonesca et al., 2015 ; Stats Canada, 2019)
La nouvelle clinique apporte une solution à un problème de longue date identifié par Santé publique Ottawa : les patientes en post-partum sans soignant principal qui souffrent de dépression. « La collaboration que nous avons développée avec l’Hôpital Montfort, Archipel et l’AIIAO fait une différence positive pour notre personnel et leurs clientes. Il peut être difficile d’admettre que l’on souffre d’une dépression post-partum aux personnes que l’on connaît et qui nous connaissent, mais c’est une tout autre histoire lorsqu’il faut s’expliquer et se défendre auprès d’un étranger. L’existence de cette clinique et d’une transition harmonieuse permettent d’atténuer les préjugés liés aux problèmes de santé mentale périnatale et plus particulièrement à la dépression post-partum », explique Louise Gilbert, infirmière clinicienne spécialisée à Croissance et développement sains, SPO.
À partir de l’automne 2023, la clinique acceptera davantage de patientes en assouplissant ses critères d’admissibilité. Les partenaires commenceront à travailler sur une voie permanente pour améliorer l’accès aux services de bien-être post-partum.
Offert par Santé publique Ottawa, BSES est un programme de visites à domicile gratuit et volontaire qui offre un soutien aux femmes et aux familles pendant la grossesse, après la naissance du bébé et au fur et à mesure que l’enfant grandit. Pour plus d’informations, consultez le site Bébés en santé, enfants en santé.